
Ce cours de philosophie et littérature sur les paysages,
proposé cet automne 2022 aux étudiant*es de Licence 3 Philosophie à l’Université de Strasbourg, se déployait en 12 séances :

Chemin faisant, nous avons rencontré de nombreuses figures :
les jardins de Colette ou de Marcel Proust,
un lever de soleil sur la mer selon Virginia Woolf,
l’enthousiasme de Panturle,
ce personnage de Jean Giono
face à son champ fertile
Simone de Beauvoir descendant
la montagne en courant,
les icebergs d’Henri Michaux,
le Rhin d’Esther Kinsky,
les noues de Marielle Macé,
les déserts de Sophie Ristelhueber,…

Chaque fois que j’essaie de décrire un paysage, la méthode à suivre dans la description devient aussi importante que le paysage décrit : on commence en croyant que l’opération sera simple, délimiter un morceau d’espace et dire tout ce que l’on voit ; mais voilà que je dois immédiatement décider si ce que je vois je le vois en restant immobile […] ou si je le vois en me déplaçant d’un point à l’autre à l’intérieur de ce morceau d’espace de manière à pouvoir énoncer ce que je vois sous différents angles, donc en multipliant les points de vue dans un espace tridimensionnel […] Mais il faut d’abord dire que pendant que je parcours le paysage pour le décrire tel qu’il résulte de sa vision depuis les différents points de son espace, je le parcours aussi, bien sûr, dans le temps, je décris donc le paysage tel qu’il résulte des différents moments du temps que j’utilise pour me déplacer. Une description de paysage, en étant chargée de temporalité, est toujours récit : il y a un ‘je’ en mouvement qui décrit un paysage en mouvement, et chaque élément du paysage est chargé de sa temporalité, donc de la possibilité d’être décrit dans un autre moment présent ou futur… «
Italo Calvino (écrivain et théoricien italien, 1923-1985),
« Ipotesi di descrizione di un paesaggio (Hypothèse de description d’un paysage) » Saggi, vol. 2, Milano, Mondadori, 1995, p. 2694.