Écrire kekchose d’extrême – un poème

Car « ça a toujours kekchose d’extrême – un poème », dit Raymond Queneau, voici quelques jalons de mon parcours en poésie.

J’écris des poèmes sur le magnésium, la lettre Y, le mot oui et d’autres sujets-objets d’observation quotidienne.

Pour Lieux d’être, j’ai été sérieuse (j’avais 17 ans).

Pour Le Système poétique des éléments, j’ai bu un grand verre d’eau au chlorure de magnésium.

MAGNÉSIUM

Cette question
— fut très tôt posée opposée à ce que les plantes affirment de toutes leurs nervures
elles qui poussent sans se demander

— comment tenir ?

Cette question te disait
il faudrait te magner
trouver des solutions à la dissolution à ta très grande

Fatigue.

Et la Mère ouvrant le sachet  
s’en allait satisfaite et très fière dans l’eau le chlorure
de magnésium.

Gagné tous les matins
buvais un grand verre
magnifique un grand verre dans le gosier
descendaient les saumons les flétans au fond :                                                      
les océans.

Mais c’était répugnant
Gné tu comprenais pas

Et puis un énième jour —

Effusion !
Départ de branche !

Des gouttes perlaient sur tes artères
ton rire était devenu tout vert »

Pour Terre à ciel, j’ai dit oui au oui (c’est aussi là que j’ai rencontré quelques chiens poétiques).

ANNONCE


Suffit ! On a assez vanté le pouvoir de dire non. On a assez dit oui au non. Maintenant il est temps de dire oui au oui oh oui et de s’y coucher sans oublier de se poser la très grande question :
De quoi le oui est-il le non ?
Parce que dire oui ce n’est pas seulement ce que vous croyez non non c’est aussi dire non au non
Non oh non parce qu’à s’opposer ne risque-t-on pas de ne plus rien poser ?
Non parce qu’à rejeter ne va-t-on pas jeter de l’oui sur le feu et tout faire flamber ?
Non parce qu’à refouler ne deviendra-t-on pas cheminée ?

Croyez-moi enfin si je dis oui ce n’est pas pour taire les non
je porte dans mon ventre des non intarissables.
(C’est inouï ce que j’ai de non)

Non c’est parce qu’oui est devenu leur silence, leur paix, leur repos
C’est parce qu’oui est cuit
C’est je conclus parce qu’il faut le retrouver cru saignant oui ce oui celui où l’on plante ses crocs »


Pour le Musée du verre de Sars-Poteries, je me suis tenue droite comme un Y.

Y

Y être dans les feux croisés de propulsions contraires

Y être bâton de sourcier planté bien droit dans l’herbe

ou drôle d’unijambiste qui fête sa victoire

Y être dans la génération Y générée par deux branches qui se rencontrent

mais dans l’autre sens se séparent pas clair ce que ça va produire

Y être face au livre

trois pièces lancées six fois

donnent le sze « l’armée »

Y être j’ai peur mais me rassemble